Vous aimez les plats qui racontent un pays avant même d’arriver à table ? La morue au four à la portugaise coche toutes les cases : ingrédients simples, générosité assumée, parfums d’huile d’olive et de laurier qui envahissent la cuisine. Ici, la cuisson est franche, maîtrisée, et terriblement conviviale.
Entre recette portugaise traditionnelle, version colorée avec poivrons et la réconfortante combinaison pommes de terre–oignons, l’essentiel tient à quelques gestes : dessaler correctement, bien préchauffer, superposer avec logique, et surveiller le point de jutosité. Vous verrez : le bacalhau est un compagnon fidèle, délicat et robuste à la fois.
C’est quoi « la » morue au four à la portugaise ?
Il n’existe pas une seule vérité mais une famille de recettes. La plus épurée aligne des loins de morue dessalés sur un lit d’oignons doux et d’ail tranché, baigne le tout d’huile d’olive, puis glisse la plaque au four jusqu’à ce que la chair se détache en belles lamelles nacrées.
La parenté se voit immédiatement : même amour de l’huile d’olive, des herbes sobres, de la chaleur vive. On retrouve des versions festives avec poivrons et tomates, d’autres plus campagnardes, chargées en pommes de terre. Toutes partagent ce style direct, franc, où la qualité des produits mène la danse.
Servie brûlante avec un pain rustique, la morue au four est l’âme d’un dîner simple qui devient mémorable. Elle est aussi étonnamment tolérante : un peu plus de vin blanc pour la vivacité, quelques olives pour l’attrait visuel, et une giclée de citron pour réveiller la garniture au dernier moment.
« Recette morue à la portugaise au four poivron » : comment réussir la version colorée ?
Les poivrons apportent une douceur fumée et un jus sucré qui flatte la morue. Coupez en lanières fines, ajoutez oignons en julienne, ail, filet de vin blanc, généreuse huile d’olive. Précuisez brièvement les poivrons au four pour qu’ils se détendent, puis déposez la morue dessus, peau vers le bas.
La chaleur idéale se situe autour de 190–200 °C. C’est suffisamment vif pour caraméliser les bords des légumes, sans assécher la chair. Les poivrons relâchent un jus que l’ail parfume, tandis que l’huile d’olive lie l’ensemble. Au service, parsemez de persil, d’olives et d’un zeste fin de citron.
Si vous aimez les assiettes lumineuses, choisissez des poivrons de couleurs mélangées. Leur sucre naturel équilibre la salinité résiduelle de la morue. Le secret : éviter l’excès d’huile en début de cuisson, puis ajuster à la sortie pour briller sans poisse. Le plat paraît plus net, plus porté sur le goût.
« Recette portugaise morue pomme de terre oignons » : que retenir de l’esprit Gomes de Sá ?

La version Gomes de Sá raconte la cuisine bourgeoise de Porto : pommes de terre en tranches, oignons fondants, morue démêlée, olives noires et œufs durs. C’est un plat rassurant, où chaque ingrédient exprime sa douceur. Le four réunit, harmonise, donne ce lustre qui ouvre l’appétit.
Pour gagner du temps, vous pouvez précuire les pommes de terre à l’eau salée, juste al dente, puis les disposer avec les oignons pré-sautés. La morue, émiettée en larges pétales, se niche entre les couches. Un trait d’huile d’olive et un soupçon de vin blanc assurent une humidité gourmande.
Au service, des quartiers d’œufs, des olives parcimonieuses, un peu de persil haché : c’est un paysage simple et élégant. Le plat accepte bien une pointe de paprika doux pour le relief, mais tout l’intérêt est de garder la ligne claire : des textures nettes, une salinité maîtrisée, et beaucoup d’onctuosité.
Combien de temps faut-il cuire la morue au four ?
La règle d’or : adapter au gabarit. Pour des filets de morue dessalés, comptez souvent 10 à 15 minutes à 180 °C, un peu plus si la plaque est chargée. À 190–200 °C, surveillez à partir de 12 minutes : la chair doit floconner, l’intérieur rester juteux et opalescent.
Un thermomètre culinaire aide : visez 57–60 °C au cœur des loins. À l’œil, la chair passe de translucide à blanc nacré, se sépare en lamelles quand vous l’effleurez avec la pointe d’un couteau. L’erreur fréquente est de “sécher” la morue ; mieux vaut sortir juste avant et laisser reposer quelques minutes.
Si la plaque regorge de légumes, allongez légèrement le temps ou précuisez la garniture. La morue n’aime pas la cuisson interminable. Elle préfère une chaleur vive et brève, puis un repos qui redistribue les sucs. Vous obtenez ainsi ce contraste idéal : surface brillante, cœur moelleux, parfum net.
Dessaler sans faux pas, comment sécuriser la base ?

Le dessalage est la clef de voûte. Placez la morue dans de l’eau froide, au réfrigérateur, peau vers le haut pour que le sel s’évacue. Changez l’eau régulièrement. Comptez 24 heures pour des pièces fines et jusqu’à 48 heures pour des loins épais, selon votre sensibilité au sel.
Goûtez un petit morceau après pocher quelques secondes, ou cuisez une miette à la poêle ; ajustez le temps si nécessaire. Le dessalage réussi laisse une salinité de fond, pas une morsure. Une fois dessalée, épongez soigneusement la morue pour éviter de diluer la sauce sur la plaque du four.
Si vous êtes pressé, vous pouvez pratiquer un dessalage raccourci en changeant l’eau plus souvent, mais le résultat sera moins régulier. Pensez aussi à équilibrer avec les garnitures : pommes de terre et oignons absorbent une partie du sel résiduel, surtout si vous salez peu la garniture au départ.
Meilleure recette de morue au four : quels critères font la différence ?
La meilleure recette n’est pas la plus compliquée, c’est celle qui respecte les équilibres. D’abord, une cuisson juteuse : la chair se détache en pétales, sans sécheresse. Ensuite, des légumes fondants mais lisibles, pas noyés. Enfin, une huile d’olive présente, brillante, jamais lourde ni envahissante.
Ajoutez une touche d’acidité : vin blanc sec pour détendre la plaque, un filet de citron au service pour éveiller la bouche. L’assaisonnement reste simple : laurier, ail, parfois paprika. Le tout se joue en quatre temps : dessalage, précuisson des légumes, cuisson courte de la morue, repos et finition.
Ce cadre vous permet d’improviser sans vous perdre. La structure est votre boussole. Si les légumes manquent de jus, déglacez à la dernière minute. Si la morue semble trop ferme, couvrez partiellement quelques minutes. Le but reste identique : clarté, moelleux, et une assiette qui raconte la mer.
Poivrons, oignons, pommes de terre : quelles découpes et quels timings choisir ?

Pour des cuissons homogènes, tranchez les pommes de terre en rondelles de 3–4 mm, les oignons en fines lamelles et les poivrons en lanières. Vous pouvez rôtir dix minutes les pommes de terre seules, puis ajouter oignons et poivrons, et enfin la morue : chaque ingrédient atteint sa zone de confort.
Une alternative : précuire rapidement les pommes de terre à l’eau salée jusqu’à tendreté naissante. Égouttez, assaisonnez légèrement, puis enfournez avec l’oignon et l’ail. Cette méthode sécurise le dîner de semaine ; la morue ne patientera pas trop longtemps sur une garniture encore croquante.
La clé, c’est d’éviter les montagnes russes de textures. Vous voulez des légumes fondants, un peu caramélisés sur les bords, et une morue détendue. Découpez régulier, étalez en couches fines, et pensez à l’espace entre ingrédients : l’air chaud doit circuler pour dorer sans dessécher.
Huile d’olive, ail, laurier, vin blanc : comment assaisonner juste ?
Versez une huile d’olive fruitée mais douce, plutôt généreuse, sans transformer la plaque en piscine. L’ail tranché s’adoucit au four et parfume la sauce. Le laurier apporte une note balsamique et apaisante, tandis qu’un trait de vin blanc relie les sucs et allège la sensation en bouche.
Le sel se dose avec prudence car la morue en apporte encore un peu. Préférez poivrer en fin de cuisson pour garder le nez du poivre. Une pincée de paprika doux colore, sans masquer la mer. Au dernier moment, un filet de citron redresse l’ensemble et met en avant la douceur des légumes.
Si vous aimez les herbes, restez dans la retenue : persil plat haché, éventuellement coriandre pour une note fraîche. Le plat ne cherche pas l’exubérance mais la justesse. Ce sont la cuisson et l’équilibre qui séduisent, pas une accumulation d’arômes qui se font concurrence.
Feuille de route pas-à-pas : la base universelle au four

Voici un pas-à-pas simple, huilé comme une mécanique portugaise. Il s’adapte à la version poivron ou à l’esprit Gomes de Sá. Respectez les repères, goûtez souvent, ajustez selon la taille des loins et la gourmandise de votre garniture. Le four fera le reste avec brio.
- Ingrédients (4 personnes) :
- 800 g à 1 kg de morue dessalée (loins ou postas)
- 700 g de pommes de terre en rondelles 3–4 mm
- 2 gros oignons en julienne, 3 gousses d’ail tranchées
- 2 poivrons en lanières (option poivron)
- 12 cl de vin blanc sec, 8–10 c. s. d’huile d’olive
- 2 feuilles de laurier, persil, olives, citron
- Étapes :
- Préchauffer le four à 190–200 °C. Essuyer la morue. Saler très légèrement la garniture seulement.
- Disposer pommes de terre, oignons, ail, poivrons. Arroser d’huile, ajouter laurier et 6 cl de vin blanc. Enfourner 15 minutes.
- Déposer la morue, peau dessous. Arroser du reste de vin et d’un filet d’huile. Cuire 10–15 minutes, selon l’épaisseur.
- Laisser reposer 3 minutes. Finir avec olives, persil, citron. Servir aussitôt.
Quelle pièce choisir : loins, postas, miettes ?
Les loins conviennent aux belles assiettes : section épaisse, flocons généreux, service élégant. Les postas, avec peau et parfois arête centrale, supportent bien la cuisson au four et gardent une tenue impeccable. Les miettes ou morue émiettée fonctionnent à merveille pour Gomes de Sá.
La pièce influence le temps de cuisson. Un loin épais adore les cuissons courtes et vives, un morceau plus fin tolère quelques minutes supplémentaires. Placez toujours la peau en dessous pour protéger la chair. Si vous hésitez, sortez tôt, couvrez brièvement, laissez monter la chaleur douce.
Évitez les portions trop disparates sur une même plaque. Alignez les gabarits, ou regroupez par taille pour sortir les plus petits plus tôt. Ainsi, chaque morceau atteint cette zone miraculeuse où la morue lâche ses flocons sans rendre d’eau, avec une surface brillante et appétissante.
Accompagnements et dressage : quelles associations subliment le bacalhau ?

Une simple salade verte vinaigrée équilibre la richesse, un pain de campagne recueille la sauce, et des légumes verts sautés prolongent la note végétale. Pour une table dominicale, ajoutez quelques pickles d’oignon rouge et des quartiers de citron qui réveillent les poivrons.
Le dressage gagne à rester lisible : pommes de terre dorées, rubans de poivron, oignons fondants, morue au sommet, persil et olives en pointillés. Le contraste de couleurs donne faim. Servez très chaud dans le plat du four pour ce frisson convivial qui fait parler les invités avant même la première bouchée.
Au verre, un blanc vif à l’acidité droite accompagne le plat sans l’écraser. Un rouge très léger peut fonctionner si vous insistez, mais le sel noble de la morue aime les blancs nets, citronnés, qui allongent la sensation de mer et soulignent l’huile d’olive.
Dépannage : trop salé, trop sec, légumes croquants… que faire ?
Si la morue est trop salée, ajoutez des pommes de terre “éponge” et un filet d’eau ou de vin blanc, puis prolongez quelques minutes couvert. Si elle paraît sèche, baissez la température, couvrez partiellement, et versez une cuillerée d’huile chaude ; le moelleux revient rapidement.
Pour des légumes encore croquants, passez-les quelques minutes à la poêle avec une gorgée d’eau, puis remettez au four. Enfin, si la plaque manque de jus, déglacez au vin blanc en fin de cuisson, grattez les sucs, puis arrosez. Le brillant revient, la gourmandise aussi, sans lourdeur.
Souvenez-vous : la morue pardonne, à condition de rester attentif. Goûtez, ajustez, notez vos repères. Avec ce cadre, vous signerez votre meilleure recette de morue au four, qu’elle soit flamboyante aux poivrons ou résolument familiale aux pommes de terre et oignons. Bom apetite !